Assurance emprunteur pour diabétique : solutions et conditions d’accès

L’accès à l’assurance emprunteur peut s’avérer complexe pour les personnes atteintes de diabète. Cette maladie chronique touchant près de 5,4 % de la population française est souvent considérée par les assureurs comme un risque aggravé de santé. Cependant, des solutions existent pour permettre aux diabétiques de concrétiser leur projet immobilier.

Grâce aux évolutions législatives récentes et aux dispositifs d’accompagnement spécifiques, il est possible d’obtenir une couverture adaptée. Voici les points essentiels à connaître :

  • Suppression du questionnaire médical sous certaines conditions depuis la loi Lemoine
  • Convention AERAS pour faciliter l’accès aux personnes présentant un risque aggravé
  • Délégation d’assurance permettant de faire jouer la concurrence
  • Tarification spécifique selon le type de diabète et son évolution

Comprendre l’impact du diabète sur l’assurance emprunteur

Le diabète constitue une affection de longue durée reconnue par l’Assurance Maladie, caractérisée par une hyperglycémie persistante due à un défaut de production ou d’utilisation de l’insuline. Cette pathologie chronique influence significativement l’évaluation du risque par les compagnies d’assurance.

Les différents types de diabète et leur perception par les assureurs

Les assureurs distinguent principalement deux formes de diabète, chacune présentant des niveaux de risque différents. Le diabète de type 1, touchant environ 5 à 10 % des cas, nécessite une insulinothérapie quotidienne à vie et apparaît généralement avant 40 ans. Le diabète de type 2, représentant 90 % des cas, se développe habituellement après 40 ans et peut souvent être contrôlé par des mesures hygiéno-diététiques et des antidiabétiques oraux.

Cette distinction est fondamentale car elle influence directement les conditions tarifaires proposées. Les compagnies d’assurance évaluent le risque en fonction de plusieurs critères spécifiques à chaque type.

Les critères d’évaluation du risque médical

L’assureur examine attentivement plusieurs éléments pour déterminer le niveau de risque. L’ancienneté du diagnostic permet d’évaluer la stabilité de la pathologie et l’expérience du patient dans sa gestion. Le taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) constitue un indicateur crucial, reflétant l’équilibre glycémique des deux à trois derniers mois.

Le suivi médical régulier et la présence éventuelle de complications influencent également la décision. Les complications cardiovasculaires, rénales, oculaires ou neurologiques peuvent significativement augmenter le risque perçu par l’assureur.

Type de diabète Âge d’apparition Traitement habituel Niveau de risque perçu
Type 1 Avant 40 ans Insuline obligatoire Élevé
Type 2 Après 40 ans Antidiabétiques oraux Modéré à élevé

Les conséquences pratiques pour l’emprunteur diabétique

Lorsqu’une personne diabétique sollicite une assurance emprunteur, plusieurs scenarios peuvent se présenter selon l’évaluation du dossier médical. La réaction de l’assureur varie considérablement en fonction du profil de risque établi.

Les réponses possibles de l’assureur

L’assureur peut appliquer des surprimes pour compenser le risque supplémentaire. Ces majorations tarifaires varient selon le type de diabète : le diabète de type 1 génère généralement des surprimes comprises entre 100 % et 150 % du tarif standard, tandis que le diabète de type 2 entraîne des majorations plus modérées, oscillant entre 75 % et 100 %.

Dans certains cas, l’assureur peut proposer des exclusions de garanties spécifiques, notamment pour les pathologies directement liées au diabète. Il est également possible que certaines compagnies refusent totalement la couverture lorsque le risque est jugé trop élevé.

L’importance du dossier médical

La constitution d’un dossier médical complet et actualisé s’avère cruciale pour optimiser les conditions d’assurance. Un bilan sanguin récent avec le dosage de l’hémoglobine glyquée doit être fourni, accompagné d’un compte-rendu détaillé du diabétologue traitant.

Afin de compléter l’évaluation, l’assureur peut demander des examens complémentaires :

  • Bilan cardiovasculaire complet
  • Examen ophtalmologique avec fond d’œil
  • Tests de la fonction rénale
  • Évaluation neurologique si nécessaire

La révolution de la loi Lemoine pour les diabétiques

L’entrée en vigueur de la loi Lemoine en juin 2022 constitue une avancée majeure pour les personnes diabétiques souhaitant souscrire une assurance emprunteur. Cette réforme simplifie considérablement l’accès à l’assurance dans de nombreuses situations.

Les conditions de suppression du questionnaire médical

La suppression du questionnaire de santé s’applique lorsque deux conditions sont remplies simultanément. Le montant assuré par personne doit être inférieur ou égal à 200 000 euros, portant ce seuil à 400 000 euros pour un couple. Parallèlement, l’échéance du contrat de prêt doit intervenir avant le 60e anniversaire de l’emprunteur.

Cette mesure permet aux diabétiques concernés de bénéficier des mêmes conditions tarifaires qu’une personne sans problème de santé, éliminant ainsi toute surprime ou exclusion liée à leur pathologie.

Les autres apports de la loi Lemoine

La réforme introduit également la résiliation à tout moment du contrat d’assurance emprunteur, sans attendre la date anniversaire. Cette flexibilité permet aux diabétiques de rechercher continuellement de meilleures conditions pendant toute la durée de leur prêt.

Un examen est également prévu pour étendre le droit à l’oubli aux maladies chroniques comme le diabète, renforçant progressivement la protection des emprunteurs concernés.

La convention AERAS : un filet de sécurité indispensable

Pour les diabétiques ne pouvant bénéficier des dispositions de la loi Lemoine, la convention AERAS (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) constitue un dispositif essentiel. Cette convention résulte d’un accord entre les pouvoirs publics, les professionnels de l’assurance et les associations de patients.

Le fonctionnement en trois niveaux

La convention AERAS prévoit un examen du dossier selon trois niveaux progressifs. Au premier niveau, l’assureur examine la demande selon ses critères habituels. En cas de refus, le dossier passe automatiquement au deuxième niveau, où un service médical spécialisé dans les risques aggravés prend le relais.

Si le deuxième niveau ne permet pas de trouver une solution, le troisième niveau fait intervenir un pool d’assureurs et de réassureurs spécialisés. Environ 95 % des personnes présentant un risque aggravé de santé obtiennent finalement une assurance grâce à ce dispositif.

Les conditions d’éligibilité

Pour bénéficier de la convention AERAS, deux conditions doivent être respectées. Le montant du prêt doit être inférieur à 420 000 euros et le contrat d’assurance doit arriver à échéance avant le 71e anniversaire de l’assuré.

En cas de refus d’application des conditions AERAS, un recours demeure possible devant la Commission de médiation, chargée de faciliter le dialogue entre les parties et de trouver un règlement amiable.

Stratégies pour optimiser son assurance emprunteur

Plusieurs stratégies permettent aux diabétiques d’améliorer leurs conditions d’assurance et de réduire les coûts liés à leur pathologie. La connaissance de ces leviers s’avère particulièrement utile pour mener à bien un projet immobilier.

Exploiter la délégation d’assurance

La délégation d’assurance permet de choisir un contrat chez un assureur différent de celui proposé par la banque prêteuse. Cette possibilité s’avère particulièrement intéressante pour les diabétiques car elle permet de comparer les offres et de trouver des conditions plus avantageuses.

Certains assureurs se spécialisent dans les risques aggravés et proposent des tarifications plus compétitives pour les personnes diabétiques. Il est essentiel de s’assurer que les garanties du nouveau contrat restent équivalentes ou supérieures à celles proposées par la banque.

Les contrats spécialisés pour diabétiques

Plusieurs solutions spécifiques existent pour les personnes diabétiques. La Fédération Française des Diabétiques propose notamment un contrat négocié avec des conditions adaptées, accessible aux adhérents moyennant un bilan médical annuel complet.

Ces contrats spécialisés offrent souvent des avantages significatifs :

  • Absence d’exclusions liées au diabète
  • Surprimes plafonnées ou réduites
  • Prise en charge personnalisée des dossiers
  • Accompagnement dans les démarches administratives

Préparer efficacement son dossier

Une préparation minutieuse du dossier médical peut considérablement améliorer les conditions proposées. Il convient de rassembler tous les documents médicaux récents et de mettre en avant la stabilité de la pathologie et la qualité du suivi médical.

Un diabète bien équilibré, sans complication et avec un suivi régulier, présente un profil de risque nettement plus favorable aux yeux des assureurs. La démonstration d’une bonne observance thérapeutique et d’une hygiène de vie adaptée constitue également un atout majeur.

Être diabétique ne constitue plus un obstacle insurmontable pour obtenir une assurance emprunteur. Les évolutions législatives récentes et les dispositifs d’accompagnement permettent désormais à la grande majorité des diabétiques d’accéder à une couverture adaptée, même si des surprimes restent parfois nécessaires selon les situations.

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